Analyses

Editorial | Amadou Gon Coulibaly : le jour d’après

Mis à jour le 4 mars 2021
Publié le 09/07/2020 à 2:01 , , ,

La stupéfaction se lit encore jeudi matin sur tous les visages,  après l’annonce du décès brutal, le 8 juillet 2020, du Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly.

La classe politique dans son ensemble, toutes tendances confondues, a rendu hommage à ce compagnon de route du président de la République, Monsieur Alassane Ouattara.

Cet homme discret, d’une fidélité sans faille à son chef, ce travailleur infatigable, grand serviteur de l’État et de la cause qui l’a animée depuis 30 ans, va laisser un vide important.

Chacun, le lendemain de sa mort, le mesure et se demande ce qu’il va arriver. Amadou Gon Coulibaly était le dauphin désigné du président Ouattara, accepté, adoubé, par sa famille politique. Les Ivoiriens commençaient même à mieux connaître celui qui pouvait devenir leur président dans quatre mois.

La configuration de l’élection présidentielle d’octobre 2020 était déjà dans toutes les têtes : un candidat de la majorité, à savoir du RHDP, en la personne de Monsieur Amadou Gon Coulibaly ; plusieurs candidats de l’opposition, Henri Konan Bédié pour le PDCI, en alliance avec les GOR, ensuite Affi N’Guessan, pour le FPI, Guillaume Soro, l’ancien président de l’Assemblée nationale, sous ses propres couleurs, et probablement quelques candidats indépendants. Une configuration finalement rassurante qui ne présentait pas beaucoup de surprises.

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Cet échafaudage s’effondre. Le temps court qui nous sépare de l’élection elle-même et des dates d’ouverture et de clôture du dépôt des candidatures (à partir du 16 juillet 2020 et pendant 45 jours) oblige le chef de l’État et l’état-major du RHDP à ne respecter aucun délai de décence pour se poser la question du candidat qui pourra les représenter lors du scrutin.

Tous les Ivoiriens, ouvertement ou en leur for intérieur, se posent les mêmes questions. D’abord sur le scrutin lui-même. Pourrait-il se tenir dans les délais prévus ? Aussi dramatiques soient-elles, les circonstances actuelles ne devraient pas être une cause d’annulation ou de report de l’élection présidentielle. Le parti au pouvoir, qui vient de perdre son candidat, devra dans la précipitation, choisir celui qui, à la suite de ce drame, portera dans le consensus le flambeau du RHDP.

Ensuite, bien sûr, se pose donc la question du Qui?

Y a-t-il un candidat évident? Plusieurs noms viennent à l’esprit : Hamed Bakayoko, Patrick Achi, Amadou Soumahoro, entre autres, dont même le vice-président, Daniel Kablan Duncan. Le RHDP devrait-il organiser une primaire ? En aurait-il le temps, d’ailleurs?

La circonstance est si difficile pour le RHDP et si inattendue que d’aucuns se demandent si Alassane Ouattara lui-même, malgré sa déclaration solennelle de renoncement à se présenter à un troisième mandat, ne serait-il pas finalement le meilleur candidat du RHDP pour éviter toute tension, voir des défections, au sein de son parti?

Si cela devait arriver, il ne fait aucun doute que l’opposition crierait au reniement. Mais l’émotion est si forte dans le pays que les Ivoiriens comprendraient que les circonstances exceptionnelles impliquent des décisions exceptionnelles

Les jours qui suivront les obsèques du Premier ministre seront cruciaux pour la vie de la Nation.

Philippe Di Nacera

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