Ce week end écoulé, les 6 et 7 décembre, la Côte d’Ivoire a marqué une halte pour célébrer Félix Houphouët-Boigny. Vilipendé, assailli d’injures en 1989 et 1990, le « Vieux » a été traîné dans la boue par une opposition vengeresse qui avait su mobiliser derrière des idiots utiles pour sa cause.
En face, son parti politique était en proie à des convulsions internes. De hauts cadres se cachaient pour financer le FPI, à peine sorti de la clandestinité. Pourquoi ? Eux seuls, du fond de leurs consciences pourront peut-être un jour, répondre à cette interrogation.
Des financiers de la FEANF, à Paris, devenus entre temps des barons du parti unique, rongeaient leurs freins et attendaient leur heure. La crise battait son plein et l’école était à l’arrêt. Pour six mois.
Après avoir ramené son jocker Alassane Ouattara, le Gouverneur de la BCEAO, devenu président du comité interministériel de redressement économique, qui, contrairement aux autres pays en ébullition à cause de la réduction des salaires, maintient les salaires et remet la machine de production en marche, par des privatisations salutaires, Houphouët-Boigny, peut souffler.
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Il aborde le dernier virage avec un thème de campagne prémonitoire d’une fin qu’il entrevoyait et qui sera belle grâce à Alassane Ouattara, « le don de soi ». C’est bien ce qui était écrit sur les bulletins de vote d’octobre 1990. Et « via » (le soleil en baoulé), tel que l’appelaient ses grandes-sœurs selon Nanan Kouakou Brou, chef de N’gokro (village centre de Yamoussoukro), brilla encore sur la Côte d’Ivoire.
26 ans après son décès, ses fidèles disciples ont marqué l’arrêt pour le célébrer, chacun à sa façon. Qui à Yamoussoukro, qui à Abidjan. Mais, qu’ont retenu les disciples d’Houphouët-Boigny de leur Guide, le Père ?
« La commémoration de l’anniversaire du décès du père de la nation, Félix Houphouët-Boigny, par le RHDP, symbolise la reconnaissance de toute la Côte d’Ivoire, rassemblée dans toutes ses composantes, à l’endroit de celui qui a posé dans la paix, les bases de son émancipation politique et de son développement économique. Ce qu’il faut retenir, c’est que le RHDP est le seul parti vraiment national qui n’a aucun ancrage régional contrairement à tous les autres. Bref, si Félix Houphouët-Boigny était en vie, il serait RHDP. Et aussi, le RHDP est l’embryon politique de la nation ivoirienne » analyse Lazare Aka Sayé au sortir de cette grand-messe de Yamoussoukro.
Rencontre entre 3000 Chefs traditionnels Baoulé et le Président de la République avec à l’unisson, la volonté de ramener « les récalcitrants » sur le chemin de l’houphouétisme vrai, une conférence sur la vie de l’homme célébré, des prières à la grande mosquée de Yamoussoukro et à la Basilique Notre Dame de la Paix, un concert et un meeting. Voici la vie de Félix Houphouët-Boigny !
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Politique, père des jeunes, l’avenir du pays, homme de grande culture adepte de musique et grand croyant. Pour parachever son œuvre de construction de son pays, il a posé un socle qu’il voulait solide : la paix et le dialogue.
Ne disait-il pas que « le dialogue est l’arme des forts ? ». N’avait-il pas envoyé Laurent Dona-Fologo, d’ailleurs présent à Yamoussoukro, en Afrique du Sud, au plus fort de l’apartheid, accompagné de son épouse, française, enseignante de Philosophie, avec un beau pagne Baoulé, rencontrer les autorités sud-africaines ?
Le petit-neveu, Augustin Thiam, Gouverneur du District autonome de Yamoussoukro et chef de canton Akouè ne croyait pas si bien dire quand il estime que « l’houphouétisme n’est pas un vain mot, c’est un comportement » et que le RHDP ressemble au « pagne N’zassa (mélange en baoulé) ».
Que dirait aujourd’hui Houphouët-Boigny face au spectacle que livrent ses héritiers, disciples ? Pas si sûr qu’il soit heureux et fier. Lui qui a toujours privilégié le dialogue, régler des conflits dans des pays, n’aura pas su inculquer à ses « enfants », ce don de soi, cette capacité de transcendance de l’égo démesuré pour penser à l’intérêt public, aux Ivoiriens. Certains vont même jusqu’à s’allier à ceux qui lui ont porté le coup de poignard assassin, le qualifiant de « voleur ! »
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En cette année 2019 qui finit dans quelques semaines, chacun rêve de voir l’accolade fraternelle entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié se faire. Ce sera, au-delà de la politique, un geste moral d’humilité et de « don de soi », à l’image du Père que chacun dit tant aimer. Et ensemble, envisager des discussions sérieuses pour le retour en Côte d’Ivoire, de Laurent Gbagbo, qui aura réussi à défier le grand Houphouët-Boigny pour ensuite se retrouver une fibre houphouétiste. C’est cela la magie de ce pays multi-ethniques qu’il ne faut pas réduire à une portion de Baoulé ! La Côte d’Ivoire est belle quand elle est plurielle, celle de la vision de Félix Houphouët-Boigny.
Par Adam’s Régis SOUAGA
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