Côte d’Ivoire

Décryptage / Parti unifié oui mais après,   PDCI vs  RDR : la logique de l’œuf et de la poule

Mis à jour le 19 juin 2018
Publié le 19/06/2018 à 7:15

Ils sont tous d’accord pour le parti unifié mais n’ont pas le même timing. Le RDR parti au pouvoir, le veut maintenant illico presto, pendant que son principal allié le PDCI, prolonge l’échéance jusqu’après 2020. Les membres du vieux parti veulent l’alternance avant de ratifier ce projet politique. Décryptage du « je t’aime moi non plus » entre alliés du RHDP.

Réunis en bureau politique ce  17 juin 2018, les membres du PDCI ont confirmé leur adhésion totale au parti unifié, mais après l’alternance. Soit après le soutien d’une candidature unique PDCI à la présidentielle de 20210. Ceci, alors que le RDR, son allié, veut maintenant le parti unifié. Et est même en campagne dans ce cadre. Les jeux sont-ils pipés ? Difficile de conclure que le débat est  totalement clos. Du moins si on s’en tient à ce qu’il a été donné de voir jusque là dans les relations entre le PDCI et le RDR.

Le juriste écrivain Geoffroy Kouao Julien, analyse que la position du PDCI pourrait évoluer en fonction des circonstances.

« Il faut faire attention avec le PDCI. Les décisions qui sont prises ne sont jamais taillées dans du marbre. On l’a vu en 2015. Le bureau politique s’était réuni pour désigner un candidat aux élections lorsque le président Bédié a souhaité qu’il soutienne le RDR. Donc tout peut changer. Sinon quand les membres du parti parlent d’alternance, je ne comprends pas puisqu’ils gouvernent déjà aux côtés du RDR. Donc s’il doit avoir alternance, cela devrait se faire au profit d’un autre parti, soit membre du RHDP ou d’une autre coalition politique » a-t-il analysé avant d’ajouter que la classe politique devrait se préoccuper de questions sociétales, notamment l’immigration des jeunes, le manque d’eau ou la cherté de la vie, plutôt que de « distraire » avec des « débats inutiles ».

Cette position du vieux parti sonne comme un refus poli du président Henri Konan Bédié au Chef de l’Etat Alassane Ouattara, sur l’accord du parti unifié. Le PDCI reste donc fidèle à sa ligne politique, celle d’exiger de son allié le RDR, un soutien pour les élections de 2020. Sans Alternance, pas de parti unifié. Une position qui s’explique par le fait qu’en 2011, tout comme en 2015, les autres partis membres du RHDP, ont porté le RDR au pouvoir. Le PDCI, principal allié du parti au pouvoir, attend donc un retour de l’ascenseur. Pour le professeur Dogbo Pierre, directeur de l’école des sciences politiques de l’Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan Cocody, ce malaise apparent au sein de la coalition au pouvoir, pourrait avoir des conséquences négatives sur l’avenir du pays.

« Nous sommes ici dans un dialogue de sourds. Le PDCI et le RDR sont dans la dialectique de l’œuf et de la poule. Est-ce la poule qui fait l’œuf ou l’œuf qui fait la poule ? Cette situation sera encore source d’instabilité en Côte d’Ivoire parce que nous parlons là, du parti au pouvoir. Et si ce dernier est dans une instabilité, cela signifie qu’il n’y a plus d’Etat parce que les gens sont dans une logique de positionnement. C’est le premier aspect. Le deuxième, le Président Alassane Ouattara a construit son discours autour du fait que le RDR et le PDCI réunis, font l’unanimité. Mais cette logique ne tient plus aujourd’hui, car les forces sont dispersées au sein de toutes les autres formations politiques, ce qui explique même le désaccord au PDCI » développe le politologue, et de poursuivre que « les acteurs de la politique ivoirienne, devrait laisser le jeu démocratique se dérouler normalement comme c’est le cas au Bénin, au Ghana ou au Sénégal. La Côte d’Ivoire est un grand pays, et donc pourquoi prendre des dispositions pour assurer une instabilité politique dans le pays plutôt que de faire simple en permettant à tous les partis de se présenter librement aux élections ? » S’interroge-t-il.

Pourtant le PDCI, n’est pas le seul parti affilié au RHDP. D’autres formations politiques telles que le MFA, le PIT ou même l’UDPCI, attendent aussi qu’une perche leur soit tendue. Albert Mabri Toikeusse, a même lors du congrès de l’UDPCI le 12 mai dernier, souhaité être plébiscité, lui aussi, en tant que candidat unique du parti unifié. Ce qui signifie que même si ce projet politique est accepté de tous, un autre problème pourrait se poser, à savoir le choix du candidat unique en 2020.  

Éric Coulibaly

Source: Poleafrique.info

 

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