Côte d’Ivoire Politique

Crise postélectorale de 2011- 8 ans après Duékoué pleure ses morts et demande réparation

Mis à jour le 29 mars 2019
Publié le 29/03/2019 à 4:59 ,

Ce vendredi 29 mars marque les huit ans de la commémoration des affrontements de Duékoué, pendant la crise post-électorale de 2011. 800 personnes auraient tuées selon les organisations internationales. L’émotion est encore vive. Cadres et élus de la région, le député de Facobly Evariste Méambly, revient sur les événements et surtout ses efforts de paix pour éviter à la Côte d’Ivoire de revivre un tel drame.

29 mars 2011 -29 mars 2019, voilà 8 ans que Duékoué ville de l’ouest de la Côte d’Ivoire connaissait des heures sombres. Des affrontements armés avaient plongé les habitants dans un chaos indescriptible. Et occasionné des centaines de morts. Plus de huit cent personnes auraient été tuées ce jour dans cette localité, avaient rapporté les médias et organisations internationales. L’intervention de Steven Anderson, un porte-parole du CICR, paru sur le site du journal « Le Monde.fr », le 11 avril 2011, est plus explicite sur un communiqué fait à l’époque sur ces tristes événements.

« Le CICR ne fait pas ce genre de communiqué à la légère, il est très rare que nous donnions des chiffres. (…) Si l’on parle d’au moins 800 victimes, c’est parce que nous étions à Duékoué le 31 mars et le 1er avril, et que ce sont nos équipes qui ont ramassé les corps, soit dans les maisons, soit à l’extérieur, pour les enterrer dans la dignité. Donc nous les avons comptés », précise Steven Anderson, un porte-parole du CICR.
 
Pourtant sur le terrain, au quartier Carrefour, la Division des droits de l’Homme de l’ex-Opération des Nations Unies, basée à Daloa avait effectué un décompte, après exhumation des corps ensevelis à la hâte le 30 mars 2011, dans l’après-midi, bien en-deçà du chiffre à polémique de 800 morts dans la ville.
 
Par contre, le communiqué du CICR rendu public à cette période, signé de son coordonnateur à Man, Dominique Liegme, faisait cas, à cette période bien de « 800 morts » mais pas à Duékoué mais « sur l’ensemble de la région Ouest depuis le 16 février 2011 », date du début des affrontements armés entre ex-FAFN et des supplétifs des ex-FDS dans la zone de confiance de Zouan-hounien. 
 
8 ans après, l’émotion est encore vive et les habitants du Guémon, n’ont pas oublié cette triste page de leur histoire. Poleafrique.info a joint le député de Facobly, Evariste Méambly afin d’avoir ses impressions en cette journée commémorative. 
 
« Ce jour, 29 mars 2019, marque un moment important de l’histoire de ma région, le Guémon. Voici exactement 8 ans que mes parents ont vécu une journée noire, avec la mort qui s’est invitée à Duékoué. Plus de 800 personnes auraient été fauchées ce jour-là. Un massacre que nous commémorons aujourd’hui et en tant que député de Facobly, l’un des 4 départements du Guémon, je tiens à m’incliner devant la mémoire des disparus et prier le Seigneur afin que cela ne se reproduise plus jamais, dans notre cher pays. Mes efforts, depuis les crises successives en Côte d’Ivoire sont toujours allés dans le sens de l’apaisement et de la réconciliation nationale. Faut-il rappeler encore une fois, mes actions pour une paix durable en Côte d’Ivoire ? Très vite avec le groupe parlementaire « Agir Pour le Peuple » que je présidais à l’Assemblée Nationale, nous avons rédigé en 2017, deux propositions de lois, portant amnistie et indemnisation des victimes, soit les lois Méambly 1 et Méambly 2 », réagit-il.

 

Le 6 Août dernier le Président de la République, Alassane Ouattara a pris une ordonnance d’amnistie qui a permis la libération de 800 détenus de la crise dont Simone Ehivet Gbagbo, l’ex-première dame ivoirienne. Quelques mois plus tard, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, ont eux aussi été acquittés de crimes contre l’humanité, par la Cour Pénale Internationale (CPI) où ils étaient incarcérés depuis plusieurs années. Selon Evariste Méambly, tout cela augure d’un lendemain de paix pour la Côte d’Ivoire. Il appelle désormais à penser à l’indemnisation des victimes de Duékoué.

« Je continue de me battre afin que mes parents de l’Ouest, les victimes de ce massacre soient indemnisés.  Malheureusement ce combat est incompris par certains cadres de la région, qui rament à contre-courant plutôt que d’apporter des solutions pour la réparation du préjudice causé. Faut-il rappeler que nous avons même été plusieurs fois à la Haye (6 fois), lorsque l’ex-président Laurent Gbagbo y était incarcéré, afin d’insuffler un climat de cohésion en Côte d’Ivoire. Tout est aujourd’hui disposé pour que nous allions à la paix. Il est temps d’oublier, de tourner la page et de rejoindre notre combat pour enfin indemniser les victimes de Duékoué carrefour, petit Duekoué et autre car les stigmates sont encore visibles », recommande le député de Facobly et ancien président du Conseil Régional du Guémon.
 
Amadé Ouérémi, un supplétif des forces républicaines a été mis aux arrêts pour les crimes commis sur la population civile et incarcéré.  
 
La rédaction a aussi tenté de joindre le maire de Duékoué pour avoir ses impressions, en vain. 

Éric Coulibaly

Poleafrique.info

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE