Analyses

Communication gouvernementale, quand les ministres seront disponibles pour la presse nationale, ça va aller ! / Adam’s Régis SOUAGA

Mis à jour le 3 juillet 2018
Publié le 28/02/2018 à 1:15

Le gouvernement ivoirien sous la houlette du Premier Ministre s’est réuni hier à la Primature pour penser la communication entre le gouvernement et la population ivoirienne. Que s’est-il passé pour que la communication qui a été le fer de lance du positionnement politique d’Alassane Ouattara et de son parti, alors dans l’opposition, soit son grand handicap huit ans après son accession au pouvoir d’Etat ?

Le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, à l’ouverture du séminaire gouvernemental lundi 26 février, a indiqué que « notre pays est cité parmi les économies les plus dynamiques, non seulement en Afrique, mais aussi dans le monde. » Mais, reconnaît-il, «  il semble y avoir un décalage entre la perception de toutes ces actions par nos populations et l’action gouvernementale. »

Ce même lundi, en France, sur la réforme de la SNCF, c’est le Premier Ministre, Edouard Philippe, qui se déplaçait sur un plateau télé pour donner la ferme position du gouvernement. Il n’est pas rare de voir ainsi le Premier Ministre français, aux aurores, sur les stations de radio ou de télé, donner la voix sur des sujets d’intérêt national dans le cadre du débat national.

Toute chose qui fait dire au politologue Geoffroy-Kouao Julien, que « la meilleure façon de communiquer c’est de débattre publiquement et contradictoirement des réalisations et actions du gouvernement. Le problème c’est que le gouvernement fait une confusion entre la propagande et la communication » dénonce-t-il.

Pourquoi les ministres ont-ils peur, et avec eux, les grands commis de l’Etat, pour la majorité issue du parti au pouvoir, du débat contradictoire ? Ce serait la meilleure façon d’éclairer les lanternes de leurs compatriotes et ainsi démontrer aux yeux de tous que les préoccupations des ivoiriens ne sont pas piétinées.

Accusée de tous les maux, RTI 1 a, sur la question de la réforme fiscale, adressé des invitations au secrétaire d’Etat chargé du Budget et au Directeur général des Impôts. Tous deux n’ont pas donné suite aux invitations des confrères. Il ne faut pas non plus compter sur eux pour se prêter aux questions d’un journaliste d’un organe de presse proche de l’opposition. 

Le comble de la foutaise, c’est le choix de la grande presse internationale, donneuse de leçons et prébendier en millions FCFA, qui est adulée par nos dirigeants. Combien d’ivoiriens des confins du pays parviennent-ils à s’offrir deux titres de journaux nationaux, vendus à 300 F par mois, à plus forte raison, des magazines vendus plus chèrement ? A qui s’adresse-t-on ?

La nette impression est que le gouvernement dans son ensemble cherche à plaire à la France dont les antennes, RFI et France 24, sont abondamment utilisées. Sans omettre les journaux de l’hexagone. Mais, ce sont les Ivoiriens qui votent et non les français ! Il s’agit donc de bien choisir la cible de la communication. C’est à juste titre que le Premier Ministre préconise l’intégration des « nouveaux médias, à savoir : les réseaux sociaux ».

Il faudrait accepter d’affronter les démons de la gestion, sans hypocrisie en ne voyant pas la presse et les médias nationaux comme des empêcheurs de bouffer en rond. La bonne gouvernance se nourrit de vérité. C’est à ce seul prix que la communication gouvernementale touchera sa cible.

Pour Mamichou Kaba, militante RDR, « Les populations de certaines régions de notre pays, pour avoir organisé des journées d’hommage, de remerciement et de reconnaissance au Président de la République, Alassane Ouattara, ont  démontré que pas mal d’actions ont été menées en vue de favoriser leur condition de vie. Il faudrait que le gouvernement redouble d’encore plus d’efforts à cet effet et mener à bien des actions concrètes qui auront forcément de l’impact sur les populations. Quand les actions se font sentir et que la population, elle-même fait le constat, à mon avis il faut juste de la mauvaise foi pour contredire » recommande Mamichou Mama Kaba.

Beaucoup de réalisations ont été faites depuis la fin de la crise en 2011. Comme la réouverture de cet axe routier, Gohitafla, Tofesso-Kongasso, devenu piste car n’ayant pas été entretenu depuis 1985 ! Il a fallu le PPU pour rouvrir cette route. Combien d’ivoiriens le savent-ils ?

Que répond le gouvernement sur les destructions de logements sur certains sites ou l’impression de faire le lit à des libanais sur le foncier urbain ? Pourquoi les traitements médicaux sont-ils bafoués dans le public et meilleure qualité dans les cliniques ouvertes par les mêmes praticiens ? Point de ministres visibles. Les courriers auront beau être déposés sur la question des abus de la police Sotra qui, sans texte légal, arrache 22.500 F aux usagers. L’agent judiciaire du Trésor est porté disparu, sollicité sur la question par PôleAfrique.info. Les exemples foisonnent.

Autant de préoccupations dont les ivoiriens ont voudraient obtenir des réponses. Mais, le choix de nos ministres et de leurs services de communication est de présenter un tableau reluisant sur des pages glacés de grand magazine français. Sans portée. Et la grogne, elle se poursuit. Les experts qui aideront le gouvernement à créer les conditions de vie meilleure pour les ivoiriens, sont les journalistes ivoiriens, toutes tendances confondues, qui ne devraient pas être fuis comme la peste. Ce sont eux qui impactent la population électrice.

Adam’s Régis SOUAGA

Source : Rédaction PôleAfrique.info 

 

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