Analyses

Commentaire / La carapace du chef  

Mis à jour le 26 décembre 2019
Publié le 26/12/2019 à 9:16 , , , ,

Uppercut pour Guillaume Soro, touché mais pas couché ! À peine revenu à lui après sa mésaventure de lundi dernier, il contre-attaque. 

Avec lui, sa conseillère Me Affoussiata Bamba-Lamine. Affou a parlé, ce mercredi 25 décembre dans une vidéo depuis l’Espagne, qu’elle a gagné aux côtés de Soro, après avoir quitté Accra.

L’avocate a parlé. Trop vite d’ailleurs. Et cela pose le problème du conseil, le meilleur pour Guillaume Soro qui, huit ans durant, a dirigé une rébellion avec son lot de déviationnistes sans s’étaler sur la place publique à longueur de journée.

Quand Guillaume était-il en zone comme on disait ? Très peu de personnes le savaient. L’homme entretenait le mystère par son silence.

Me Affoussiata Bamba-Lamine, qui est avocate, n’est pas sans ignorer que la précipitation dans la gestion d’un dossier peut être préjudiciable.

De sa communication ce mercredi, on pourra dire, sans risque de se tromper, qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil ivoirien.

La rengaine de la rébellion au profit de Ouattara est dépassée. Depuis le 19 septembre 2002, les anti-Ouattara, toutes tendances confondues, ont entonné cette chanson.

Elle a tenté de battre en brèche les accusations portées contre l’ancien-leader des ex-Forces Nouvelles, un homme qui en a plein le ventre, tout comme de nombreuses personnes.

Blaise Compaoré, les présidents de pays amis à la Côte d’Ivoire dans la sous-région, des officiels français, l’ex-président Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié…et des anonymes, qui ont joué des rôles et effectué des missions périlleuses. Tous savent mais se taisent.

Le chef, c’est un homme profond et jusque-là, le Soro respecté et adulé par ses partisans, même au sein du RHDP, était l’homme taciturne, peu loquace, mais qui, depuis la perte du fauteuil de l’Assemblée Nationale et la bataille à l’APF, est devenu prolixe. Trop prolixe.

Si Laurent Gbagbo devait parler, même dans cette mauvaise passe qu’il vit loin des siens, il s’en trouverait des hommes du PDCI-RDA et du RHDP qui se suicideraient.

La mort vaudrait mieux que la honte. De hauts cadres de l’ex-parti unique ne l’ont-ils pas aidé officieusement contre Félix Houphouët-Boigny ? Au RDR n’avait-il pas ses entrées, ses hommes ? Mais, l’homme d’Etat n’en a jamais parlé.

En tant que Premier Ministre de Félix Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara n’a-t-il pas vu des secrets de la République ?

Si tant est que Me Affoussiata Bamba-Lamine veuille bien défendre l’image souillée de Guillaume Soro, il lui faudra simplement revenir à Abidjan, demander les éléments à charge contre son client, les lui soumettre afin de préparer une bonne défense.

Jusqu’à preuve de contraire, Me Affoussiata Bamba-Lamine n’est en rien poursuivie et garde sa marge de manœuvre.

Elle a surtout parlé pour les idiots utiles qui ignorent tout des dispositions d’esprit de M.SORO.

Il a été révélé par un confrère, que Guillaume Soro a pris l’initiative d’un dégel politique par une sollicitation de médiation. Il avait lui-même annoncé une possible rencontre avec le Chef de l’Etat Alassane Ouattara, dès son arrivée. Cet agenda, il n’en avait parlé avec personne. Il est dit que le silence est d’or.

Que M.Ouattara soit bénéficiaire, instigateur, financier de l’ex-rébellion, en quoi cela change-t-il en ce moment la vie des Ivoiriens ? D’ailleurs, qu’en penserait ce villageois de Kpéfélé ou Waraniéné ou Yamienkouadiokro qui vient de voir son village électrifié, avec une adduction en eau potable sous le pouvoir de Ouattara ?

Bien avant le déclenchement de la rébellion, Guillaume a eu droit à une révélation dans un tout petit village de Ouangolo. Il en a ri quand on le voyait lui, un civil devant des militaires. C’est dire qu’il faut écouter et apprendre à entendre davantage le message de Dieu, que la voix inaudible des humains.

Alors que les militants et sympathisants du RDR étaient chauds pour voir leur mentor ADO se présenter à l’élection présidentielle de 1995, face à Henri Konan Bédié, il a juste estimé ne pas être prêt. Le PIT et Francis Wodié, avaient légitimé l’élection.

La clé du changement n’a pas tourné à 1°C, permettant à Bédié de remporter haut la main la victoire finale.

Il a fallu 15 années avant de voir Alassane Ouattara être candidat et l’emporter dans les urnes face à Laurent Gbagbo ; même si celui-ci, à la fin, s’est montré mauvais joueur, déclenchant une crise post-électorale qui aura causé 3000 morts, sans auteurs directs. Malheureusement.

En son temps, à la grande mosquée de Kong, après près de deux heures de prière et d’élévation de vœux vers Allah, le porte-voix de la communauté sortait et criait : « Waati sera (l’heure est enfin arrivée !) ».

C’est dire que les années de tourment étaient bien le cycle initiatique que l’homme, Alassane Ouattara, devait subir. Et il en a vu des vertes et des pas mûres !

La sortie pour le grand public n’a pas lieu d’être car elle n’empêche pas le Juge de connaître le dossier. Au même titre qu’elle ne l’empêche pas de juger par défaut le candidat déclaré, qui, en pareille circonstance, prend le quantum maximal de la peine. On fait quoi face à ce dilemme ?

La sagesse voudrait que l’on prenne la mesure de cet imprévu et que l’on songe à des pistes de solution, sans passion, loin de l’émotion.

La colère, dit-on, est mauvaise conseillère et il faut savoir s’en éloigner.

C’est plié dangereusement mais la branche sur laquelle Alassane Ouattara et Guillaume Soro son « fils » rebelle, sont assis, n’a pas encore rompu.

Ils peuvent, tous deux, trouver les moyens pour une solution concertée, loin du vuvuzela des irréductibles de tous bords, « gnambros », devenus politiciens sur les réseaux sociaux et grands conseillers du jeune, vieux sorciers craignant de perdre des privilèges, corrompus et détourneurs de deniers publics, médisants, auprès du vieux.

La chefferie traditionnelle Sénoufo du Tchologo et de Kong ainsi que leurs alliés ont là une opportunité de prouver qu’ils ont la sagesse du « sizang » (bois sacré) avec eux pour amortir les coups et séparer les protagonistes, à voix basse. La place publique, juste pour idiots utiles.

Adam’s Régis SOUAGA

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