Défense

Burkina Faso : la Côte d’Ivoire, en ligne de mire

Mis à jour le 13 décembre 2024
Publié le 13/12/2024 à 12:00 , , , ,

Le président togolais Faure Gnassingbé a beau travailler à rabibocher Abidjan et Ouagadougou au point d’obtenir, le 29 novembre dernier, la libération des deux gendarmes ivoiriens détenus au Burkina depuis septembre 2023, la junte au pouvoir aux pays des hommes intègres semble garder une dent tenace contre le gouvernement ivoirien.

 

Peut-être pour assouvir un désir de vengeance contre Abidjan, qui était en tête de l’élan de condamnations du putsch qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir en octobre 2022, les autorités burkinabés s’en donnent les moyens.

Selon une note confidentielle des services de sécurité, consultée par 7info, les velléités de déstabilisation de la Côte d’Ivoire existent bel et bien. 

L’opérationnalité de la mission est confiée, toujours selon ce rapport de renseignement, au “Bataillon d’intervention rapide de la communication (BIR-C)’’, créé pour mener des campagnes de désinformation coordonnées et surtout manipuler l’opinion publique dans la région. 

En novembre 2024, Jeune Afrique avait déjà révélé, via une enquête, l’existence de ce groupe de partisans de la junte militaire, qui agit essentiellement par le biais d’internet.

“Très actifs sur les réseaux sociaux, ils menacent, invectivent et mettent à prix la tête de ceux qui osent afficher des positions discordantes’’, écrivait le magazine panafricain. 

Véritable outil de propagande au service du régime, ce “bataillon d’intervention’’ est constitué de plusieurs web activistes locaux et étrangers. 

Le compte-rendu d’une réunion de cette cellule sécrète a fuité pour atterrir sur la toile.   

Cette rencontre a “jeté les bases d’une campagne de communication offensive, articulée autour de quatre axes stratégiques’’ dont le numéro deux est sans ambiguïté : “Présentation de la Côte d’Ivoire comme acteur principal de la déstabilisation du Burkina : c’est-à-dire accuser la Côte d’Ivoire d’être le principal instigateur des troubles au Burkina Faso’’.

De façon plus concrète, “la Côte d’Ivoire doit être présentée comme le moteur de la déstabilisation du Burkina’’ en l’accusant de financer et soutenir “logistiquement les opposants burkinabè’’.

Le rapport explique encore que “depuis le 11 novembre 2024, deux campagnes de désinformation coordonnées’’, avec des narratifs mensongers, sont menées “par des comptes et pages Facebook au Burkina’’.

Le premier narratif est que la Côte d’Ivoire a conclu des accords avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) pour déstabiliser le Burkina Faso. Le second est d’accuser la Côte d’Ivoire d’être impliquée dans une tentative de coup d’Etat au Burkina Faso.

Le rapport précise avec force détails le mode opératoire de cette cellule sur les réseaux sociaux où “la simultanéité des publications’’ combinée à “la standardisation du contenu permettent au BIR-C de diffuser rapidement et efficacement’’ ses allégations.

Pour accréditer davantage sa thèse, le BIR-C s’appuie sur les deux principales méthodes de publication sur Facebook : la diffusion simple (qui repose sur l’utilisation de comptes influents) et la diffusion communautaire (qui consiste à partager du contenu au sein de groupes publics ou privés spécifiques).

Que le “schéma de manipulation’’ soit “Le Prophète’’ ou “Les Nuées’’, l’objectif du BIR-C reste le même : s’offrir le scalp de la Côte d’Ivoire et de ses dirigeants.

 

Serge Alain Koffi

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