Politique

Après son limogeage, Mabri lance le défi du terrain à Alassane Ouattara et Amadou Gon COULIBALY 

Mis à jour le 13 mai 2020
Publié le 13/05/2020 à 5:58 , , ,

« C’est maintenant que le vrai combat commence. Je vais mener mon combat sur le terrain pour les futures joutes présidentielles » aurait fait savoir Dr Albert Mabri Toikeusse selon un communicant de l’UDPCI, Oplé Tanios.

Une violation de l’instruction du président de l’UDPCI qui a enjoint sa troupe au silence et a lui laisser l’opportunité de porter la voix du parti arc-en-ciel.

Mais, si le désormais ex-ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a vraiment sonné le tocsin de la mobilisation de ses troupes, il ne dévoile toujours pas sa stratégie. Va-t-il franchir le pas de la rupture totale avec le RHDP ou fera-t-il campagne pour Amadou Gon COULIBALY et se préparer pour l’avenir ?

On attend de voir la danse Yacouba de Mabri Toikeusse.

Le remodelage du gouvernement ne surprend guère les observateurs de la politique ivoirienne.

Tout a commencé le jeudi 12 mars dernier, date à laquelle le Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly a été désigné candidat à la présidentielle d’octobre pour le compte du Rassemblement des Houphouetiste pour la Paix (RHDP), un choix qui n’a pas plu à Albert Mabri Toikeusse.

Il a engagé une bataille au sein même de son parti politique, l’Union pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) contre tous ceux qui sentent du Amadou Gon Coulibaly.

Le premier à faire les frais de cette rébellion a été Albert Flindé. il a été purement et simplement chassé de la direction du parti. 48 heures avant le remaniement ministériel, le chef du parti créé par feu le général Robert Guéi, avait ajouté à ses responsabilités, celui de porte-parole de l’UDPCI.

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Sa sortie du gouvernement serait selon N’guessan Bédié Yves Martial, consultant en sciences politiques, due au jeu « trouble » auquel le président de l’UDPCI s’est adonné ces derniers jours.

« C’est normal ce limogeage de Mabri Toikeusse. Il a décidé de prendre ses distances avec le RHDP. C’est normal qu’il soit sorti du gouvernement. Depuis le 12 mars, ce politicien s’est engagé dans un jeu du chat et de la souris avec ses amis du RHDP », explique-t-il.

« On ne travaille pas avec une personne qu’on n’aime pas. Si Mabri avait eu le courage de démissionner, cela l’aurait grandi. Mais, il ne l’a pas fait. Aujourd’hui il part dans le déshonneur » analyse le politologue.

Allant dans le même sens, le politologue Geoffroy Julien Kouao soutient que le désaccord entre le ministre Mabri et la direction du RHDP était abyssal car le président de l’UDPCI avait du mal à cacher ses ambitions présidentielles. Ce départ de Mabri est pour l’analyste politique, l’expression de l’incapacité des « enfants d’Houphouët-Boigny » à contenir leurs contradictions internes.

« C’est un divorce qui prend valeur d’échec pour le RHDP. Ce regroupement s’est toujours montré incapable de juguler ses contradictions internes. Hier, c’était MM. Bédié et Anaky qui quittaient le navire houphouetiste, aujourd’hui, c’est M. Mabri. Cependant, ce départ, permet au RHDP d’aller à l’élection présidentielle avec plus de cohésion », fait-il remarquer.

Selon l’historien Yéo Brians,  Mabri Toikeusse voulait partir pour la simple raison qu’il souhaitait être choisi pour présider aux destinées du RHDP pour la prochaine présidentielle.

« Pour le départ de Mabri je pense que lui-même a voulu partir du gouvernement. Depuis que Amadou Gon Coulibaly a été choisi comme candidat du RHDP, l’homme n’a pas caché son envie de s’engager dans une autre aventure », indique-t-il.

Comme un pied de nez à Mabri Toikeusse, son désormais adversaire, ex-cadre de l’UDPCI limogé, Albert Flindé, se voit confier le ministère de l’intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur. Une nomination perçue comme une récompense pour sa fidélité envers le RHDP. Mais, aussi comme un choix tactique pour contrecarrer Mabri Toikeusse dans la région montagneuse de la Côte d’Ivoire.

Il a certes toutes les manettes en main pour construire son ambition présidentielle, mais l’entrée au gouvernement d’Albert Flindé, ancien maire de Man, plus proche de Kabakouma et de la famille Guéï que son adversaire, constitue un obstacle pas facile à franchir, car les hommes se partagent la même sphère sociologique.

« M. Flindé est un obstacle pas facile à franchir en terme électoral dans l’extrême ouest ivoirien », estime Dr Geoffroy Julien Kouao.

La bataille des Albert s’annonce épique sur les montagnes de l’ouest., sous le regard effaré du Général Robert Guéï, fondateur de l’UDPCI.

Arnaud Houssou

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