Société

Aboubakar Fofana et les femmes du vivrier de Man à couteaux tirés

Mis à jour le 15 décembre 2020
Publié le 15/12/2020 à 8:27 , , ,

Ce n’est plus le parfait amour entre le maire Aboubakar Fofana et les femmes actrices du vivrier dans la commune de Man. Et pour cause, sans place exacte pour mener leurs activités de commercialisation, Mme Tia Philomène dite Mme Glao a décidé de mettre à disposition sans condition aucune, un site d’une superficie de 2,5 hectares. Un projet auquel le maire Aboubakar Fofana Sidiki s’oppose farouchement, avec des conséquences dommageables sur les femmes. Sans défense, elles appellent le président Alassane Ouattara et son épouse au secours.

Les faits. 

Connue en Côte d’Ivoire pour son courage et son modèle de réussite, Mme Tia Philomène a décidé d’offrir selon ses dires une parcelle de 2,5 hectares aux femmes du marché de vivrier chassées de leur site pour caser les commerçants déguerpis du grand marché en chantier. Livrées à elles-mêmes désormais, c’est en bordure de la voix principale de la ville et ce, au péril de leurs vies et les alentours de la résidence du président du tribunal qu’elles menaient leurs activités. Peinée de voir ses sœurs risquer leurs vies, dame Tia Philomène, présidente de coopérative et opératrice économique, a décidé de faire ce geste salvateur qui sera récusé par le maire. La mairie propose aux femmes de se rendre à Kpangouin 2 un village communal où un site serait en train d’être aménagé pour recevoir les femmes et la gare routière ouest. Un bras de fer naît donc entre Aboubakar  Fofana et Tia Philomène et ses femmes. Une intervention du préfet de région du Tonkpi et du chef Dan, Gloudeu Gué Pascal, dans cette affaire est sans suite. Selon Tia Philomène, les pertes pour les femmes sont estimées à ce jour à 73 millions F CFA.

« Les femmes du vivier sont lésées depuis belle lurette. Elles vendent dans une précarité notoire qui ne dit pas son nom. Elles sont exposées à tous les dangers. Elles n’ont pas d’espace à elles pour vendre. C’est une situation face à laquelle je ne pouvais rester indifférente. J’ai décidé de remettre sans conditions cette parcelle de 2,5 hectares à mes sœurs du vivier, afin de leur permettre de travailler dans un environnement paisible, sécurisé et sain pour booster leur revenu qui n’évolue plus depuis longtemps », explique Mme Tia Philomène.

La bienfaitrice ne manque pas cependant de pointer le doigt accusateur sur le maire, qui selon elle,  empêche les femmes de travailler afin de subvenir aux besoins de leurs familles.  « Le maire Aboubakar Fofana à qui nous avons confié notre sort nous  mène la vie difficile. Je lui ai fait cette offre et pour des raisons pécuniaires, il a refusé. Pis, il voulait que je lui vende ce site. Je lui ai dit que si je vendais, il fallait que ça revienne aux femmes pour leur commerce. Mais le maire n’a pas respecté sa parole donc j’ai décidé de donner le site aux femmes. Ce qui l’a irrité à telle enseigne qu’il a envoyé la police municipale chasser les femmes du site et confisquer toutes les marchandises qu’il y avait. Il impose aux femmes de se recaser à Kpangouin 2 qui est à 8 kilomètres du centre-ville. Ce sont des charges supplémentaires pour les pauvres ménagères et commerçantes que nous sommes. Les femmes ne veulent pas de ce site très éloigné de la ville. Qu’il nous laisse travailler pour subvenir aux besoins de nos enfants», fait-elle savoir.

Elle lance un appel à la Première dame et aux cadres du Tonkpi pour leur venir en aide. « Nos regards sont tournés vers la Première dame et son mari le président Alassane Ouattara. Nous voulons être autonomes et cela passe par l’octroi d’un site digne de ce nom et en ville. Nos mamans souffrent et veulent prendre leur destin en main. Nous demandons aux ministres Vagondo Diomandé, Albert Flindé et Konaté Sidiki de nous aider à parler au maire. Aujourd’hui, dans la région on ne sait plus qui voir. Le préfet Soro Kayaha Jérôme, le Gloudeu Gué Pascal, les deux premières personnalités ont parlé en vain. Nous avons pris des prêts du fonds FAFCI que nous devons rembourser. Il nous sera difficile de rembourser si nous sommes empêchées de travailler », se lamente-t-elle.

La réaction du maire Aboubakar Fofana Sidiki

Du côté de la mairie, le premier magistrat de la ville de Man explique. Selon l’élu, les démarches de Tia Philomène et le site posent problème. « Dans le programme triennal de la municipalité, plusieurs projets sont en cours. Parmi ces projets, un site avec le financement de l’État de Côte d’Ivoire a été trouvé pour recaser les femmes du vivrier au quartier Kpangouin 2. Ce site a même été présenté aux femmes du vivrier. Il sera donc livré dans deux mois pour qu’elles exercent en toute quiétude »,  indique le maire. Aboubakar Fofana ajoute qu’il n’est pas contre le fait que des initiatives privées soient prises, mais il souhaite que cela réponde aux normes. « Non seulement, la mairie n’a reçu aucune demande pour faire un marché de gros et mieux nous sommes dans un quartier résidentiel avec des collèges et une grande école. On ne peut pas faire un marché de gros dans le dos d’un collège et à côté de plusieurs habitations. Les règles n’y sont pas. Nous avons un site pour les femmes qui répond à toutes les normes et c’est là qu’elles iront pour faire tranquillement leur commerce  », insiste-il tout en demandant aux femmes de se conformer aux règles en vigueur pour ne pas entacher la cohésion sociale dans la ville.

Toutes les forces vives de la région sont appelées à peser de tous leurs poids afin que les deux parties trouvent un compromis pour le bonheur des femmes du vivrier et de toute la population.

Olivier Dan, Correspondant Ouest

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