Analyses

250 FCFA, la rétribution d’un policier / Adam’s Régis SOUAGA

Mis à jour le 27 mai 2018
Publié le 23/04/2018 à 1:10

Faudrait-il encore rétribuer le policier ivoirien sur les fonds générés auprès du contribuable ? Ou faut-il  ouvrir une régie de  recettes  sur les corridors dit de sécurité ou déplacer un agent du trésor derrière tout policier de l’unité de régulation de la circulation ou de contrôle de pièces de véhicules ?

Ces deux questions trouvent leur fondement dans un spectacle qui s’est déroulé ce dimanche au grand marché de Bouaké. Pas très loin du carrefour où a eu lieu le braquage de 14 millions FCFA au détriment de deux frères acheteurs de noix de cajou. Et l’on comprend aisément pourquoi, à visage découvert, ces deux larrons ont pu, sans dissimuler leur kalachnikov, soutirer avec une complicité évidente de l’une des victimes, la forte somme d’argent.

L’enquête est en cours mais selon une bonne source policière, la conclusion se dessine déjà.

Pour en revenir à l’acte de bravoure d’un policier, en plein contrôle de jetons CFA non loin du centre commercial Cacomiaf, à 150 m de la préfecture de police, il ne siffle pas le chauffeur de taxi. Celui-ci comprend le langage coutumier et marque l’arrêt. Tout de même, pour bien assurer la prise, l’agent de police se dresse devant la voiture. Le chauffeur lui fait signe de venir vers lui. Il lui tend une pièce de 500 FCFA et lui demande avec supplication de retirer 200 FCFA. Une première monnaie rendue ne permet pas un accord, retour du poignet en poche, pour lui tendre 250 FCFA. «  Ici à Bouaké, les policiers facilitent le désordre, aucun contrôle de pièces, que les chauffeurs n’ont d’ailleurs pas, on ne sait pas si ce sont des voleurs, au nom de la crise passée, ils refusent de travailler le plus sérieusement du monde », fulmine un mototaxiste. Un chauffeur de taxi ne dit pas autre chose : « si la police rencontrait l’ensemble des usagers avec les gens des impôts, chacun se mettrait en règle. Mais, à quoi cela sert de chercher des papiers quand les autres payent 200 F à un policier, cherche des protecteurs. »

Ainsi, à Bouaké, plus besoin de payer les policiers (en tout cas pas tous) mais, une enquête administrative devrait déterminer le nombre de ceux- là même qui se payent sur les routes, sur les corridors Sud, nord, Est et ouest à Diabo-sokoura.

En dépit des instructions renouvelées de l’Inspecteur général des services de police, Dja Blé, du Directeur Général de la police, Kouyaté Youssouf, des ministres Hamed Bakayoko avant et maintenant Sidiki Diakité, la propension au racket persiste. Elle a la peau dure, rafraîchit les fonds de poche des bénéficiaires. Et le soir venu, une bière « bien frappée » rassure le racketteur impénitent qu’il est dans son bon droit.

Face à un phénomène qui se pratique « vis-à-vis », avec la bienveillante lassitude des structures dites de lutte contre la corruption ou de bonne gouvernance, que faudrait-il faire ?

Il reste la proposition-question qui sert d’attaque à ce texte. Ouvrir une régie de recettes ou ne plus rétribuer les racketteurs. Logique, car ils ne sauraient être payés deux fois pour un seul service. La honte pour tous ces hauts responsables de la police qui parlent, sans véritablement se donner les moyens de sévir pour une honorable image de notre chère police. Ooooh honte !

Adam’s Régis SOUAGA
Source : rédaction PôleAfrique.info 

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