Côte d’Ivoire

Exclusif- Voici l’origine réelle de « Paquinou », les notables de Diabo racontent

Mis à jour le 21 juin 2018
Publié le 01/04/2018 à 12:54

On a toujours voulu connaître la raison qui pousse le peuple Baoulé (groupe ethnique vivant essentiellement au centre de la Côte d’ Ivoire), a retourné vers ses terres à une période précise de l’année, celle de la fête de Pâques. Plusieurs hypothèses ont été évoquées mais Poleafrique.info, en excursion à l’intérieur du pays, a découvert l’origine de « Paquinou ».

La fête de Pâques ou encore « Paquinou » en pays Baoulé, est une occasion de réjouissance et de retrouvailles entre les familles. Mais bien plus, cette période permet aux fils et filles des différentes régions Baoulé, de se retrouver afin d’amorcer des projets pour le développement de leurs localités. Selon les informations recueillies par Poleafrique.info, cette migration du peuple Baoulé des régions forestières vers le centre de la Côte d’Ivoire, prend son origine à 20 kilomètres de Bouaké (Centre-nord du pays), plus précisément à Diabo. Et ce, depuis 1970. Koity Kouadio Bernard, notable de Diabo, raconte:

« Pâques est une fête chrétienne. Mais lorsque le premier Président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët Boigny, bâtisseur de la nation ivoirienne,  a pris le pouvoir, il n’y avait que quelques cadres auprès de lui. Il les a donc réunis pour former son gouvernement en leur demandant de travailler au développement de leurs régions respectives. C’est ainsi que pour appuyer cela, un cadre avant de mourir, demandait à être transféré chez lui, pour y être enterré. Ainsi, si en retournant chez vous, vous n’aviez rien construit, c’était une honte pour vous, et votre famille. S’inspirant de cette recommandation du père de la nation ivoirienne, Nanan Kouassi Battey, mon grand père, qui était le chef du canton Gblo, a décidé de faire venir les cadres ici à Diabo, afin de développer le village. La localité venait d’être érigée en sous-préfecture, mais les infrastructures faisaient défaut. Il n’y avait ni rue, ni lotissement, des dispositions qui pousseraient les planteurs et fonctionnaires à venir construire chez eux. Nanan Kouassi Battey a donc demandé aux ressortissants de la région, aux fonctionnaires et aux planteurs, de se retrouver à l’occasion de la fête de Pâques, pour faire des réunions afin de développer la région car il fallait que Diabo sorte de son statut de village. C’est la période pascale qui a été choisie parce que le week-end est plus long, et les planteurs ont vendu leurs récoltes. Les conditions sont donc réunies pour investir » a développé l’instituteur à la retraite.

Selon les autorités coutumières de la région, plusieurs réalisations sont à mettre à l’actif de la fête de Pâques ou encore « Paquinou ». C’est donc à Diabo que la migration du peuple Baoulé, prend sa source. Aujourd’hui, bien plus qu’un phénomène national, « Paquinou » attire la Diaspora Baoulé, vers ses terres, pour des réunions familiales. N’guessan Kouadio, planteur et notable de Diabo, a lui réussi à construire sa maison à l’occasion de « Paquinou ».

« Pâques n’a eu que des avantages au niveau de la région. Je loue l’initiative du fondateur, Nanan Kouassi Battey car grâce à lui, on a pu avoir toutes ces réalisations dans le village. « Paquinou » signifie pendant la fête de Pâques, c’est donc une période bien choisie. Vous savez, beaucoup de planteurs avaient passé du temps dans leurs champs, sans jamais envisager un quelconque retour au village. Mais avec Paquinou, ils sont revenus. Voici ma maison que j’ai construite grâce aux différentes réunions que j’ai eues avec mes frères pendant la fête de Pâques » a renchéri le planteur.

Diabo, le berceau de « Paquinou » est érigé en Sous-préfecture depuis 1961. Cependant la localité fait face à plusieurs problèmes. Notamment le manque d’eau potable qui oblige les populations à parcourir de longues distances pour avoir le précieux liquide. Le sous-préfet n’a pas de résidence et ses bureaux vétustes, sans oublier l’insécurité qui sévit sur les axes routiers. Autant de difficultés qui ont emmené le Chef Canton, Nanan Battey Thomas, à lancer un cri de détresse aux autorités ivoiriennes afin que sa localité jouisse véritablement de son statut, dans la région.

Éric Coulibaly

Source : Rédaction Poleafrique.info

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